Je branchais mon casque et lançais la musique de mon mp3. La lune éclairait la rue d'une lumière blafarde. Je me détendis lorsque le son emplit ma tête. J'avançais d'un pas rapide. Ma quiétude s'évapora lorsque je sentis quelque chose se rapprocher. Ce sentiment d'être pris au piège me tordit le ventre. Je retins ma respiration un instant. Une ombre sur ma gauche me fit sursauter et je perdis l'équilibre.

Une main ferme me rattrapa et me redressa. Un homme grand brin avec des yeux de chat me fit face. Drake. L'homme qui me tapait le plus sur le système. Mais aussi, le seul pourtant à savoir calmer les tempêtes qui s'élevaient souvent en moi.

_ On dirait que Jack l'éventreur te poursuit. S'exclama-t-il.

Il lâcha l'emprise de sa main et me regarda amusé. Je le maudissais. Il c'était éclater à me faire peur. Je me reculais et l'observai attentivement. Il semblait tendu, cela ne lui ressemblait pas. Même son sourire était crispé. Je baissais les yeux et dévisageais le bitume à mes pieds mal à l'aise.

_Qu'est-ce que tu veux? Demandais-je.

Il me fit son sourire le plus sympathique, enfin c'est ce que je pensais. Il avait tendance à avoir toujours un sourire carnassier. Il se frotta l'arrière du crâne dans un geste gêné. Je m'attendais au pire.

_ On m'a raconté pour le brun ténébreux. Déclara-t-il.

Je me sentis alors soudainement seule au milieu de tout. Ma vie ne pouvait donc pas rester privée. Hélas, non. Tout le monde se délectait de mes déboires.

_ Il ne manquait plus que ça. Murmurais-je.

Je levais les yeux au ciel et me détournais de lui. J'étais fatigué de tous ces débats sur moi, ma vie et mes amours. Drake me rattrapa d'un pas nonchalant. Je savais qu'il ne resterait pas silencieux longtemps. Je ne me trompais pas et prit les devants.

_ Tu sais Drake tout va bien, pas la peine de t'inquiéter. Avouais-je.

Il glissa un index gelé sous mon menton et me souleva le visage.

_ Jessie, ne fais pas celle qui n'a plus de cœur. S'emporta-t-il.

Je tentais de détourner le visage. Il le retenait délicatement. Nos regards étaient encrés l'un à l'autre. Ces iris sans fond me happaient littéralement.

_ C'est le cas, je vais réellement bien, tu sais. Je ne suis pas sur le point de m'effondrer. Affirmais-je.

Qui croirait ça, moi-même n'y croyais pas. Je n'étais pas totalement paumé. Non, je savais ou je voulais aller. Il me manquait juste la bonne direction.

_ Je ne te crois pas, tu as été blessé. Qu'il disparaisse du jour au lendemain, ça aurait fait mal à quiconque.

Cette proximité me rendait nerveuse. J'étais mal à l'aise, le contacte de sa peau sur moi, ces yeux rivés au mien. Il lisait en moi trop facilement.

_ Ce ne sont pas mes sentiments qui en ont pris un coup, mais ma fierté. Mentis-je.

Il se mit à rire, s'obligeant à laisser mon visage. Il se reprit et me scruta une seconde. Il secoua la tête, certainement pour chasser une pensée idiote.

_ Je sais que tu as un cœur énorme et que chaque petite rafale de vent t'ébranle et t’abîme un peux plus chaque fois. Ne joue pas les femmes fortes quand je sais à quel point tu es frêle.

Je me retournais pour ravaler mes larmes. Il se posta dans mon dos et glissa ses mains autour de moi.

_ J'ai appris à éteindre mes sentiments...

_ Mais parfois c'est plus dur que tu ne le pense. Me coupa-t-il.

_ OUI. M'exclamais-je. On ne peut pas tout effacer du jour au lendemain.

Je me laissais aller contre lui. Il posa sa tête sur le haut de mon crâne sans grandes difficultés.

_ Tu l'aimais. Souffla-t-il.

_ NON. Dis-je en m'écartant. On ne peut pas... C'est trop tôt.

Je frottais mes mains l'une contre l'autre. Le froid me mordait petit à petit le bout des doigts. J'entendais encore la musique en fond qui s'envolait de mon casque, enroulé autour de mon cou.

_ Drake, il fait froid. Annonçais-je. J'aimerais rentrer.

Je voulais aller dans ma chambre, m'y enfermer et ne plus en sortir.

_ Jessie...

Il allait prendre ma main mais je le repoussais. Trop, c'était trop. J'avais une boule au ventre. J'en avais ma claque que tout le monde se mêle de ma vie.

_ Arrête s'il te plaît. Retoquais-je. Oui j'ai mal, oui je suis triste, mais c'est ainsi, je continue, j'avance.

Le jeune homme resta bouche bée. Il ne pipa mot pendant plusieurs minutes.

_ Je vais bien, si je pleure ce soir c'est pour finir plus fort demain. Tu ne peux pas panser toutes mes plaies.

Il fit un pas. L'homme plein de sarcasmes s'était envolé. Il ne restait que Drake le protecteur.

_ Je ne veux pas panser tes blessures. Explosa-t-il.

Cette fois-ci c'est moi qui fus scotché par son changement d'humeur. Il franchit le dernier mètre qui nous séparait. Il m'attrapa par la hanche et me colla contre lui. Sans le moindre effort de sa part et aucune résistance de la mienne. J'eus peur qu'il tente quelque chose. mais rien. Il me serra juste contre lui. J'étais ce petit chat blotti dans les bras de son maître. J'y étais bien et en sécurité.

_ Tu cherches un gentleman bad boy, ce qui doit surement exister. Malgré le fait que tu sois un chouilla casse burne.

Il se recula lentement pour regarder mon visage baigné de larmes. Il en attrapa une du bout de son pouce et la laissa choir sur le sol.

_Laisse les choses partir, si elles reviennent c'est qu'elles t'appartiendront à vie. Cita-t-il.

Je ne retins pas mon sourire. Il avait beau être un con parfois il savait me toucher.