• Adieu

    Assise à ma coiffeuse je me dévisageais. Cet inconnu au teint terne et aux yeux cerné me faisait mal au ventre. La porte s'ouvrit délicatement. Je ne pus décrocher mon regard de ce reflet flétri de moi. Pourtant je savais que Lorenzo se tenait dans l'encadrement de la porte.

    _ Es-tu prête? Demanda-t-il?

    _ Oui soufflais-je.

    Mensonge. Comment pouvait-on être prêt à dire adieu à quelqu'un qui à partager toute votre vie?

    _ Je vais t'attendre en bas, m'informa-t-il.

    Mon attention accaparée par cette fille au visage morne, je ne répondis pas. Tante Alice arrivait en trombe dans la pièce. Elle s'installa derrière moi.

    _ Il faut te coiffer, regarde-moi ces cheveux! S'exclama-t-elle. Il faut te pomponner...

    J'ai décroché au bout de deux secondes. La fatigue me rendait absente par moments. Et j'avoue que ces conseils, je n'avais que faire. Se faire belle! Pourquoi? Je ne comprenais pas ces façons de faire. J'aurais dû être la plus belle pour le jour le plus horrible de ma vie. Je fermais les y est laissés couler les larmes à l'intérieur.

    Lorsque ma tante sortit de la pièce, je restais là, les yeux fermés. Je me risquais à ouvrir les yeux. J'étais transformé, je ressemblais à une poupée boudeuse. Mes cheveux tirés en un chignon sophistiqué me donnaient un air sévère. J'étais là, je ne pouvais plus me retenir. Des perles salées roulaient sur mes joues. Je laissais cette tristesse et ma colère m'emportait.

    Le temps arrange tout. Foutaise. La douleur reste et le chagrin ne s'estompe pas. Je n'en pouvais plus de tous ces mondes qui me demande toujours " ça va?", "ne t'inquiète pas tout va bien ce passer." D'un revers la main je fis valsé ce qui était posé devant moi. Je hurlais à n'en plus pouvoir. J'arrachais ces épingles qui me rentraient dans le crâne et brossais mes cheveux en une queue haute. J'effaçais ce rouge sur mes lèvres qui me donnaient cinquante ans.

    Je sortis de ma chambre à reculons. J'accrochais mon sourire de circonstance et descendis les marches en silence. Lorenzo était en bas. Tante Alice déboula devant moi. Elle me regarda stupéfiée et choquée. Je la contournais et me dirigeais vers le jeune homme. Il m'attrapa par la main et m'emmena vers l'arrière de la maison. Il me fit sortir dehors et me traîna au centre du jardin.

    Il me laissa là un instant, il revint avec un sac énorme. Il en sortit une énorme lanterne d'une couleur pourpre. Il la plaça dans mes mains et me dit:

    _ l'éternité c'est long, on doit apprendre à dire au revoir. Je sais que c'est dure et que les gens qui pensent t'aider ne font en fait que t'enfoncer dans le chagrin. Je vois que tu commences à craquer, je l'ai entendu. Lilie, la vie s'arrête pour tous ceux que tu vas aimer alors que toi tu resteras jeune à jamais. Ton chagrin ne sera que plus grand avec les années. Cette lanterne symbolise l'adieu que tu n'as pas pu faire.

    La lanterne représentait ce que j'avais perdu. On doit accepter de voir les gens partir. On doit les laisser s'envoler. Même si ça fait nous fait mal. J'avais les tripes retournées, mon cœur s'accélérait. Je saisis le briquet, l'alluma et finis par me raviser avant d'allumer la mèche.

    _ Je peux pas la laisser partir comme ça j'ai des choses à lui dire. Avouais-je.

    J'avais passé la journée dans mon mutisme, je n'avais rien dis. Chaque fois que j'avais voulue ouvrir la bouche quelqu'un c'était empressé de venir me dire au combien il comprenait ma peine et compatissait. Comme les gens sont arrogants, ils ne connaissent rien de votre peine mais se l'approprient.

    Lorenzo acquiesça, je fermais alors les yeux et oubliais le reste du monde. Je voulais lui parler, j'allais lui dire à Dieu. Et le mon inconscient pris le relais, il créa un décor et la matérialisa devant moi. Elle me regardait pleine de regret. Je lui souris et me lançais.

    _ Aujourd'hui a été la pire des journées de ma vie. Tu es partis tôt ce matin, sans même prendre la peine de me dire au revoir. Tu sais je t'en ai voulu. Pourquoi me faire ça à moi. Je t'ai aimé de toutes mes forces et de tout mon être. Mais ça n'a pas suffi. Je pensais qu'en aimant quelqu'un aussi fort, on pouvait le garder à jamais auprès du soi. Chaque seconde de cette journée je ne cesse de te maudire. Tout le monde m'a répété que je vais y arriver, mais c'est faux. C'était toi qui me faisais tenir quand ça n'allait pas, et là ça va pas du tout. Pourquoi? Je veux pas te dire adieu. Non, je refuse que tu puisses partir sans avoir un espoir de te revoir un jour. Je sais pas comment je vais avancer, je sais juste que je vais essayer de te rendre aussi fière que je le peux. Tu avais l’habitude de dire, si aujourd'hui il pleut rassures-toi demain il fera beau. Je pense être sous un orage, je sais pas combien de temps il va durer. J'espère juste qu'il s'estompera avec le temps. Sans vraiment disparaître. Je ne t'oublierais pas je te le promets. Je t'aimerais toujours.

    J'ouvris les yeux, j'étais en larmes et ma mâchoire tremblais à cause de mon chagrin. Je fis une légère pression et vis une flamme bleue s'animait devant moi. Je l'approchai de la mèche et regardais la lanterne prendre une couleur plus chaleureuse. Je ne pus retenir un sourire en l'a voyant s'illuminer faiblement. Je la laissais s'envoler, lorsqu'elle se décrocha de ma main je soufflais un adieu.

    Adieu

     

    Voila un petit texte inspiré d'une de mes série favorite et d'un événement récent dans ma vie. Voila l'extrait de ma série.

     


  • Commentaires

    1
    Mercredi 18 Mars 2015 à 23:21

    Ah là me voilà en train d'imaginer cette petite lanterne .... cet adieu qu il faut dire  .... quand tu pars dans tes histoires je te suis .... telle une petite fille ....  que je ne suis plus car tu m'as fait rire avec ta phrase du rouge à levres qui te donnait 50 ans   (lol)    merci ma puce pour ce petit moment de lecture avant d aller au lit Bisoussssssssssssssssss 

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